Bruno
Harvey relit régulièrement la pensée de Saint-Augustin exprimée dans ses Confessions,
particulièrement dans le chapitre XI du
livre onzième qui le confine dans son délire : « Qui fixera le cœur de l’homme, afin qu’il demeure et considère comment
ce qui demeure, comment l’éternité, jamais passée, jamais future, dispose et du
passé et de l’avenir ? Est-ce ma main, est-ce ma parole, la main de mon esprit,
qui aurait cette puissance ? »
« Chaque goutte de temps me coûte si cher », se répète-t-il. Depuis le jour des célébrations de la Saint-Patrick, le jeune infirmier relit ces écrits d’une autre époque, parfois sibyllins, les interprétant de manière subjective et alimentant ainsi son obsession morbide.
Bruno y trouve une autre preuve en appui à la révélation opportune qu’il croit confirmée dans la pensée de l’évêque d’Hippone : « Qui l’arrêtera, ce cœur, qui le fixera pour qu’il s’ouvre stable un instant, à l’intuition des splendeurs de l’immobile éternité… ? Votre aujourd’hui, c’est l’éternité… et si le temps demeurait, il cesserait d’être temps. Pour le présent, s’il était toujours présent sans voler au passé, il ne serait plus temps. »