Le soir de la réception
organisée par ses collègues pour souligner le début de sa retraite, l’inspecteur
Norbert
Dionne « sort un feuillet de la
poche de sa veste et le déplie. Il chausse ses lunettes, prend le temps d’expliquer
l’origine du document et entreprend sa lecture intégrale :
Un parfum est par nature évanescent. À peine
l’a-t-on perçu, associé le plus souvent au corps d’un être, voilà qu’il
s’estompe, dispersé alentour, laissant dans notre chair un émoi. Rien n’est
ainsi plus à l’image du Temps-qui-passe qu’une fragrance puisque tous deux,
éphémères et insaisissables, nous échappent.
L’ex-policier fait une pause et jette un regard
circulaire sur son auditoire. Il se racle la gorge et poursuit :
Que Guerlain ait eu l’idée, il y a quelques années, d’associer
l’une de ses créations aux notions de Temps et de magie, en la nommant « L’instant
magic », relève dès lors d’une intuition géniale. En effet, qu’il s’agisse du
Présent ou d’une senteur, l’un et l’autre brillent par leur fugacité, chacun
d’entre nous les percevant dans l’immédiateté d’une sensation qui disparaît
aussitôt ressentie. Fugitifs, tous deux donnent donc bien l’impression d’être « magiques »,
arrivés là comme par enchantement et disparus aussi vite qu’ils étaient
survenus. Ne laissant, comme traces de leur passage, que souvenirs et
impression.
— Et c’est signé, Philippe Parrot, poète. Avouez qu’il y a de ces hasards qui n’en sont peut-être pas » ajoute l'ex-enquêteur.
Le
texte de Philippe
Parrot, Instant magique, poème
contemporain 219, résume à merveille l’essence de cette intrigue policière qui
s’alimente de la pensée de certains philosophes et se veut une réflexion sur le
temps et sur l’instant présent infinitésimal. On peut le lire sur le blogue du poète.