Le
19 septembre 2014, Bruno Harvey, pour la première fois depuis des lunes, a
dormi du sommeil du juste. Pas de cauchemar. Dans le salon, sa pendule
allemande lui adresse un message subliminal. Elle s’est arrêtée à minuit pile :
l’instant présent éternel sans passé ni futur.
« Les yeux fixés sur le cadran, une tasse de café à la main, le jeune infirmier se remémore une phrase lue par hasard dans un récit consacré à la maladie et à la santé mentale : Quand tout est survie, tout devient possible. Le bouquin avait été oublié sur une table à la cafétéria de l’hôpital. Deux ou trois pages plus loin, le propriétaire du livre avait surligné une autre phrase : Seuls les fous peuvent faire parfois le pied de nez à la réalité. »
Ces citations qui déstabilisent Bruno Harvey, convaincu qu’une personne saine d’esprit peut en faire autant, sont tirées du roman Paul et les Fées publié en 2008 aux éditions Liber par un ex-collègue étudiant de l'auteur de Chronomeurtres à l’Externat classique Saint-Jean-Eudes, Denis April, dans le quartier Limoilou de Québec qui a lui-même connu des épisodes de troubles mentaux.
Les
récits regroupés dans ce livre, à peine inventés, tournent autour d’un
personnage observateur, souffrant de maladie mentale, qui a jeté un regard
parfois étonné autour de lui lors de ses hospitalisations. Il a rencontré dans
ce milieu un peu spécial les délires des autres certes, mais aussi la
compassion entre ces désespérés de la réalité qui fuient dans leur folie.